Portrait montréalais et facteurs de vulnérabilité

 

Grande métropole québécoise, Montréal est une ville extrêmement riche d'un point de vue multiculturel. Cette grande ville se distingue des autres villes de la province par sa population multiethnique, par son accès aux différents services et par la densité de sa population. Avec les 1,9 millions de personnes qui y résident (3,6 millions en région montréalaise), ses 33 hôpitaux, ses 4 universités et les millions de personnes qui la visitent chaque année, Montréal est une ville cosmopolite, diversifiée. Un fort pourcentage de nouveaux arrivants et de nouvelles arrivantes s'y installent chaque année. 34% de sa population est immigrante, mais seulement 13% des personnes immigrantes détiennent la citoyenneté canadienne.

Le profil sociodémographique du recensement de 2016 de l’agglomération de Montréal met en lumière la réalité linguistique de Montréal. Si 59% de la population peut entretenir une conversation dans les deux langues officielles, 95% de la population n’a appris qu’une seule langue dans l’enfance et pour 34% de cette population, la langue apprise n’était ni le français ni l’anglais. 2,4% de la population ne parle aucune des deux langues officielles. 0,7% de la population montréalaise s’identifie comme personne autochtone. 48% s’identifient comme appartenant aux Premières nations, 47% aux Métis et 5,5% aux Inuits. Pour un pourcentage non négligeable de Montréalais et de Montréalaises, la langue représente un obstacle de taille pour accéder aux différents services.

Lors du dernier dénombrement d’avril 2018, près de 5 800 personnes étaient en situation d’itinérance « visible » au Québec. Cela représente une hausse pour Montréal de plus de 8 % par rapport au nombre observé entre 2015 et 2018. Ce portrait ne tient pas compte de l’itinérance « cachée », une réalité qui touche davantage les femmes que les hommes, puisque les femmes auront recours à différentes stratégies pour éviter de se retrouver dans la rue, en raison du danger que cela représente pour elles d’être agressées sexuellement. Parmi les stratégies utilisées, certaines auront recours à la prostitution ou resteront dans une relation de violence conjugale, afin de ne pas se retrouver sans logement. Notons également que les personnes migrantes à statut précaire, les Premières nations et les Inuits sont grandement touchés par le phénomène de l’itinérance à Montréal. Bien que la population autochtone représente 0,7% de la population montréalaise, 12% d’entre eux vivent en situation d’itinérance et un tiers de ces personnes sont des femmes. Par ailleurs, bien que les Inuits représentent seulement 5,5% de la population  autochtone montréalaise, ceux-ci sont surreprésentés en ce qui a trait à l’itinérance (40%).

Bien que le taux de criminalité à Montréal soit beaucoup plus bas que dans d'autres grandes villes canadiennes ou américaines, il reste tout de même supérieur au taux de criminalité des autres villes québécoises. Selon les statistiques du Ministère de la Sécurité publique de 2015, le taux global de criminalité était de 4 344 infractions pour 100 000 habitants, soit 34% supérieur à la moyenne québécoise qui affiche un taux de 3 320 infractions et une baisse de 3,2% par rapport aux années antérieures. Si on dénote une baisse de criminalité ces dernières années à travers le Québec, il est à noter que le taux d’infractions sexuelles a, quant à lui, augmenté de 10,4%, ce qui l’amène à 5 806 infractions sexuelles pour tout le Québec et 1 299 pour Montréal en 2015.

Certains groupes peuvent être plus à risque de subir de la violence sexuelle. Plusieurs facteurs contribuent à les vulnérabiliser et justifient les actes de certains agresseurs qui s'en prennent à ces personnes parce qu'elles sont des minorités visibles, autochtones, immigrantes, réfugiées, LGBT, âgées, parce qu'elles vivent avec un handicap, une déficience intellectuelle ou un trouble de santé mentale ou parce qu’elles sont en situation d’itinérance. Leurs actes de pouvoir se basent sur des arguments racistes, sexistes, hétérosexistes, lesbophobes, transphobes ou capacitistes. L'intersectionnalité des discriminations doit être reconnue et connue des intervenant.es pour mieux répondre aux besoins et aux réalités de ces personnes. Consultez la section relation d’aide pour en savoir plus sur l’approche intersectionnelle.

Facteurs de vulnérabilité

· L'âge : les adolescentes sont plus à risque d'être victimes d'agression sexuelle (61,8%) que les femmes adultes. Les garçons sont plus à risque avant l'adolescence (58,9%). Bien que les violences envers les aînés ne représentent pas la plus grande proportion d’infractions sexuelles, les femmes aînées demeurent vulnérables aux agressions à caractère sexuel puisque, très souvent, elles vivent à l’intersection des discriminations entre leur âge et la détérioration de leurs capacités physiques et mentales. 27% des cas de violences envers les aîné.es ont lieu au sein de foyers de soins infirmiers et dans 80% des cas, l'agresseur était un donneur de soins.

· La déficience intellectuelle et les problèmes de santé mentale : les personnes ayant un problème de santé mentale ou une déficience intellectuelle sont quatre fois plus à risque d'être victimes d'agression à caractère sexuel que les personnes n'ayant pas de telles difficultés. De plus, les personnes qui vivent de la violence sexuelle sont plus à risque de développer un trouble de santé mentale.

· Le handicap physique : certaines études avancent que les personnes ayant un handicap physique sont deux fois plus à risque d'être victimes d'agression sexuelle ou d'exploitation sexuelle;

· L'orientation sexuelle et la diversité de genre : différentes études démontrent que les personnes LGBT sont trois fois plus susceptibles d’avoir vécu de la violence dans l’enfance. Une étude américaine révèle que les femmes, qui sont ouvertement lesbiennes, sont trois fois plus à risque d'être la cible d'agresseurs sexuels sur les campus;

· Les personnes autochtones : les données de l’ESG de 2014 démontrent que les personnes autochtones représentent plus du double des victimes d’agression sexuelle. Ces personnes sont d’autant plus fragilisées par le fait qu’elles sont surreprésentées dans le milieu carcéral et de l’itinérance.

· Les personnes issues des communautés culturelles : bien qu'il n'existe pas de données quantitatives précises sur les cas d'agressions sexuelles sur les personnes issues des communautés culturelles, immigrantes, réfugiées, nouvelles arrivantes, des minorités culturelles, à statut précaire, les conditions particulières dans lesquelles celles-ci vivent indiquent qu'elles sont plus vulnérables à des violences sexuelles. 22% des personnes femmes vivant en situation d’itinérance sont issues de l'immigration.

· Les personnes marginalisées : les personnes en situation d’itinérance, ayant vécu l’incarcération, ayant un vécu de prostitution sont incontestablement plus à risque d'être agressées sexuellement. Elles sont la cible de certains agresseurs qui comptent sur leur pauvreté, leur marginalisation, leur isolement, leur méconnaissance des services et leur méfiance des autorités. 80% des femmes en situation d’itinérance auraient un trouble de santé mentale et 35% vivraient avec un problème de dépendance. Ces difficultés peuvent très souvent les amener à recourir à la prostitution comme moyen de survie, les plaçant davantage dans une situation de vulnérabilité face à la violence sexuelle.

Les personnes ayant vécu de la violence sexuelle dans l’enfance sont 35 fois plus à risque de revivre un épisode de victimisation sexuelle dans leur vie et les victimes dans l’enfance compte pour plus de 50% des victimes de violence sexuelle.

Les enjeux liés aux violences sexuelles sont larges. Certaines thématiques, plus courantes à Montréal et au Québec, sont exposées dans les prochaines pages de cette section.

 
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